- TRÉMADOC
- TRÉMADOCPremier étage du «Silurien» gallois nommé par A. Sedgwick en 1846, le Trémadoc (ou Trémadocien) correspond aux couches de passage entre le Cambrien et l’Ordovicien, auquel il appartient. Dans l’est de l’Amérique du Nord, il prolonge le Cambrien supérieur. La limite supérieure du Trémadoc est datée de 漣 485 millions d’années (face=F0019 梁 10 Ma). Sa limite inférieure se situe vers 500 millions d’années (face=F0019 梁 10 Ma).Retour à des conditions assez clémentes et à l’envahissement par la mer de bassins demeurant isolés par des mouvements tectoniques, le Trémadoc fut une époque de spéciations et d’explosions paléontologiques, constituant un tournant de l’évolution.Orogenèse, épeirogenèse et volcanismeEn Europe, le Trémadoc correspond à une ou plusieurs phases orogéniques, nommées bohémienne en République tchèque, sandomirienne en Pologne, sarde en Sardaigne, vendéenne et normande dans le massif Armoricain. Ces mouvements ont eu pour résultat l’irrégularité de dépôt de cet étage dans les régions citées. Cependant, il est bien représenté dans la Montagne Noire, où il est transgressif sur le Cambrien moyen, et en Grande-Bretagne (Shropshire et pays de Galles), où il est transgressif sur le Cambrien supérieur. Dans les régions septentrionales, le Trémadoc existe en Scandinavie mais correspond à une régression en Estonie et sur la plate-forme russe, comme d’ailleurs en Asie (Saïan, Altaï). Cette régression ne fut que partielle dans la Nouvelle-Zemble, l’Oural et le Kazakhstan, que la mer envahit de nouveau à la fin du Trémadoc (couches à Ceratopyge ).En Amérique du Nord, le bouclier canadien se soulevait en même temps que le massif des Adirondacks.Ces mouvements orogéniques et épeirogéniques, assez généraux, sont contemporains de puissantes montées magmatiques: dans l’orogène scandinave et l’orogène cordillérien, où débute un volcanisme basique qui durera jusqu’à la fin de l’Ordovicien et qui, inséré dans les formations marines, prend souvent la forme de laves en coussins et de serpentines, accompagnées de jaspes, pour constituer ce que l’on nomme un «complexe ophiolitique»; dans la zone varisque (massif Armoricain, Maroc), où les laves sont en général plus acides.Climats et paléogéographieLes indications sur les climats au Trémadoc sont exclusivement fournies par des séries marines. On notera deux faits indiquant un adoucissement de la température et une certaine uniformisation des faciès: en premier lieu, la large extension des schistes à Graptolites flottants, associés à de vastes algueraies; en second lieu, l’apparition de dépôts calcaires, indices de mers plus chaudes, en particulier en Amérique du Nord et en Extrême-Orient, où ils régnaient déjà au Cambrien supérieur et où, toutes proportions gardées, les conditions rappellent l’actuelle province indo-pacifique, puis en Scandinavie, où leur mise en place est plus lente. Cependant, au Trémadoc, on ne connaît encore comme constructions organiques que celles des Stromatolites.Mais la position du pôle, qui, comme au Cambrien et jusqu’au Silurien, reste situé du côté des Canaries, fait que l’Afrique du Nord (immergée au sud de la flexure saharienne) et l’Europe moyenne demeurent des zones tempérées ou même fraîches, pratiquement dépourvues de sédimentation calcaire. En Amérique, des traces glaciaires existent sur la frontière entre la Bolivie et l’Argentine.La province européenne est composée de bassins dans lesquels la mer est transgressive et qui demeurent isolés (Thuringe, Pologne, Bohême, Ardenne, Armorique, Montagne Noire).La future province américano-arctique, ceinture tropicale de l’Ordovicien supérieur, s’esquisse dans plusieurs tronçons: la province ozarkienne (et acado-baltique), en voie de réchauffement, s’étend sur la majeure partie de l’Amérique du Nord, comprend le Groenland, l’Écosse, le Spitzberg, et, d’autre part, se relie à la province pacifique par la Chine, la Mandchourie, la Corée et l’Australie; la province balto-scandinave , qui en fera partie à l’Ordovicien supérieur, est encore à demi-isolée en un bassin à Olénidés, héritière de la province à fonds putrides du Cambrien supérieur. Mais les intercalations de plus en plus fréquentes de calcaires à Asaphidés montrent le progrès de la mer ouverte. Ce style d’alternance climatique, s’accompagnant d’apports fauniques venant en particulier de Scandinavie, s’étend sur le pays de Galles, le sud-est de l’Amérique du Nord, par ailleurs lié à la province ozarkienne (Marathon) et les Andes (golfe de Jujuy), matérialisant aussi le trajet du Proto-Atlantique.Les faunes iraniennes du Trémadoc inférieur constituent des jalons soulignant un passage vers les Appalaches et le bassin ozarkien; l’Asie centrale et le Kazakhstan sont en relation avec les orogènes du Sud-Est asiatique, indiquant clairement comment s’effectuait alors l’ensemencement de la Téthys.StratigraphieEn gros, le Trémadoc peut être divisé en deux sous-étages. Le plus ancien correspond au Trempealeau (zone à Dikelocephalus ) d’Amérique du Nord et à la zone à Dictyonema flabelliforme d’Europe. Le plus récent correspond à l’Ozarkien américain, équivalent de la zone à Clonograptus tenellus d’Europe.PaléontologieLa sédimentation carbonatée, qui envahit peu à peu les mers qui n’étaient pas trop près des pôles, s’accompagne d’une écologie à substrat algaire: auprès des algues stromatolitiques qui se développent de nouveau, par exemple dans la région d’Ozark, se rencontrent des algues dont les tissus mêmes offrent une imprégnation carbonatée comme les algues calcaires vertes et rouges de la bordure des mers actuelles. Les Spongiaires siliceux se développent. Mais pour les Mollusques, en veilleuse depuis le Cambrien inférieur, c’est une véritable explosion, en particulier dans les zones à sédimentation carbonatée admettant des concrétions siliceuses. Ainsi trouve-t-on brusquement dans les faunes d’Invertébrés marins une abondance jusqu’alors insoupçonnée de Gastéropodes symétriques et, nouveauté, asymétriques, de Céphalopodes et de Chitons, tandis que les zones plus argileuses et sableuses abritent de nouveaux Bivalves. Il en est de même pour les Brachiopodes Articulés qui, pour la première fois, dominent les Inarticulés. Les Échinodermes occupent de nouvelles places (Éocrinoïdes et Astéroïdes, par exemple). Les Trilobites de ces faciès sont différents des Olénidés qui dominaient auparavant une bonne partie de la province scandinave. L’ère des Asaphidés, des Illænidés, des Calyménidés, par exemple, commence. On notera la spéciation des Mérostomes Aglaspidés du Trempealeau dans le Wisconsin.Dans les algueraies fixes ou dans les masses flottantes, où se conservent les Olénidés, sous des conditions qui ne sont pas sans rappeler les herbiers côtiers et les «mers à Sargasses» de l’époque actuelle, se développent les Graptolites. Les Dendroïdes fixés au fond de la mer y côtoient des Ptérobranches, qui ont avec eux des affinités très étroites (comme le montre la faune du Trémadoc de Pologne); les Graptoloïdes, libres, mieux particularisés, issus de Dictyonema flabelliforme , ne prennent leur essor que dans la zone à Clonograptus tenellus .
Encyclopédie Universelle. 2012.